Tous les enfants veulent faire partie de ce monde, ils veulent qu’on les regarde comme des êtres humains, ils veulent laisser leur empreinte. C’est cela la vision du projet sténopé. Venus en Angola, ils ont apporté, plutôt que du pain, la simple magie de tirer des photos d’une boîte de conserve pleine de secrets, comme une chambre noire, avec juste un petit trou qui filtre à peine l’immense lumière du jour et la toile géante de la vie. Les jeunes du foyer Kuzola, de Kandengues Unidos et du centre Mulemba se sont emparés de la boîte et sont partis dans la ville « sténoper » son visage coloré pour le rapporter en noir et blanc et en images curvilignes comme un coeur d’enfant. Après avoir développé et exposé leurs images, ils ne seront plus jamais les mêmes. Tout comme la boîte à photo, ils ont également filtré leur âme, la soulageant des désespoirs et des angoisses, des incertitudes et des cauchemars, pour ressortir de cette expérience avec ce sentiment d’appartenir à une famille, la famille des tous les êtres humains. Artistes aux mains fertiles, ils nous livrent cette oeuvre qui restera vivante dans nos foyers. Et le poète pourrait écrire ces vers : « Je suis un enfant. Quelquefois tu m’as donné du pain, un peu de tendresse et même un toit. D’autres fois tu m’as méprisé pour avoir été jeté dans les rues de ce monde. Ce n’est que lorsque tu m’as emmené dans les rues de ma vie, et que tu m’as laissé transformer le monde, que je me suis senti être humain.« 

José Luìs Mendonça, journaliste et poète

Luanda, 2006