À l’origine les frontières étaient « naturelles », elles étaient des barrières physiques à la circulation des hommes : rivières, fleuves, montagnes, déserts, océans. Au premier coup d’oeil sur un plan du quartier, le boulevard périphérique nous semble lui aussi « naturel ». Frontière il l’est de fait et participe à l’identité des habitants. Notre intention avec Fausto Urru était précisément de faire éclore des parcelles de ces identités grâce à la photographie. Utilisation de la photographie en deux phases distinctes mais procédant de la même recherche.
Dans un premier temps nous avons accompagné les habitants des quartiers concernés dans un processus d’identification de leur lieu de vie. Prendre le temps d’observer, de photographier le quartier, l’environnement immédiat. Equipés d’appareils photo et de téléphones portables, les participants ont « dérivé » et constitué un parcours intime autour du périphérique. La présence de l’artiste donnant le rythme syncopé de ces promenades où l’observation a primé sur la rapidité du pas. Les images collectées nous ont totalement conquis, par leur nombre, mais surtout par leur cohérence. Chaque série d’images portait la marque de son auteur, loin, très loin des images prêtes à consommer.
La deuxième phase du projet a installé un autre rituel, plus délicat à mettre en place : le studio photo. Fausto Urru est un artiste de la lenteur. Les portraits qu’il a réalisé en total partage avec les « modèles » sont marqués par le temps ; temps de la rencontre, de l’échange, du choix.
Du téléphone à la chambre photographique, la photographie nous a accompagnés et nous a peut-être permis de découvrir, de mieux se comprendre, de mieux se regarder et de partager.
Francis Jolly
Cette opération s’inscrit dans le cadre du dispositif « Culture et lien social » mis en place par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (D.R.A.C.) Île-de-France, en partenariat avec les centres sociaux La Maison bleue à Paris et la Maison de quartier Pasteur à Saint-Ouen, que nous remercions. Nous tenons à remercier particulièrement Mathilde Devincré et Marie-France Lasgi, formatrices au sein du Centre Alpha Choisy 18ème pour leur investissement sans faille sur ce projet.